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La bataille de l’IA, et nos effondrements.

Affordance par Olivier Ertzscheid le 21/09/2025 à 18:33:00 - Favoriser (lu/non lu)

A l’invitation de la chaire Unesco RELIA de l’université de Nantes et dans le cadre de la Nantes Digital Week, j’étais ce vendredi 19 Septembre 2025 en bonne compagnie pour une « Scientific Battle » sur le thème suivant : « L’intelligence artificielle va-t-elle nous rendre (encore) plus idiots ? »   Voici ce que j’y ai dit, sachant […]
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C’est quoi l’effet tunnel en physique quantique ?

Couleur science par Anonyme le 07/08/2025 à 18:32:00 - Favoriser (lu/non lu)

Photo d’un tunnel.
L’effet tunnel est un exemple d’effet étrange mentionné dès que l’on parle de physique quantique. À quoi correspond-il ? Comment l’expliquer ?

La définition de l’effet tunnel, si je prends Wikipédia, c’est ça :

L’effet tunnel désigne la propriété que possède un objet quantique de franchir une barrière de potentiel même si son énergie est inférieure à l’énergie minimale requise pour franchir cette barrière.

Ça semble très compliqué, et cet article va essayer de clarifier tout ça.

Dans cette définition, ce qu’ils appellent « un objet quantique » est typiquement une particule élémentaire, par exemple un électron. Dans la suite de l’article, l’on prendra effectivement un électron en exemple, mais le principe reste similaire pour toute autre particule.

Modèle atomique

On dépeint classiquement un atome comme des électrons sur des orbites fixes autour d’un noyau central. Cette vision est populaire, mais loin de la description moderne de l’atome. Comme expliqué dans mon article sur le modèle atomique et les couches électroniques, on sait aujourd’hui que les orbites des électrons ne sont pas comme ça. En fait, même les électrons ne sont pas comme ça : on ne les voit plus comme des petites billes.

Dans la compréhension moderne du modèle atomique, les électrons sont représentés par une fonction d’onde ayant une composante probabiliste. Cela veut dire que l’électron correspond à tout le nuage à la fois. Le nuage contient l’électron et ce dernier ne prend une position fixe que lorsqu’on le mesure. Cette position enfin, est, elle, définie par des probabilités.

L’on connait très bien les probabilités, mais pas l’issue de ces probabilités. Voyez ça comme un jeté de dés : on sait que l’on a très exactement une chance sur six de faire un 6, mais on ne sait pas prévoir si le prochain lancé sera effectivement un 6.

Cette nuance est très importante et elle a deux conséquences :

  • La première c’est que ce n’est pas parce que l’on a à faire à des probabilités que l’on nage dans le flou. On connait les probabilités.
  • Inversement, la parfaite connaissance de règles de probabilité ne nous donne pas une vue sur l’avenir pour autant. Les probabilités sont connues, pas leur issue.

Poursuivons. Un nuage — météorologique je veux dire — n’est pas clairement délimité. De loin, on voit une zone aux allures finies, mais quand on s’en approche, on entre dedans de façon très progressive, comme dans un brouillard. Si l’on voulait délimiter ce nuage, il faudrait poser une règle arbitraire. Par exemple « le moment où l’air contient 25 gouttelettes par mètre cube, pas avant », ou encore « le moment où 5 % de la vision est obstruée par des gouttelettes ».

En physique quantique, c’est un peu pareil. Le nuage électronique autour d’un atome s’étend théoriquement jusqu’à l’infini, et englobe donc tout l’univers. Pour que l’on puisse avoir une représentation plus compréhensible, on va délimiter la zone qui a une probabilité de 90 % de trouver l’électron. Dans ce cas, l’électron a 90 % de chance de se trouver dans cette limite et seulement 10 % ailleurs ; où « ailleurs » est synonyme de « partout ailleurs dans l’univers » :

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À gauche, schématisation du nuage de l’écran 1s de l’hydrogène. À droite, la représentation de la sphère qui englobe 90 % du nuage. C’est cette seconde représentation qui est généralement choisie pour représenter les orbitales électroniques ; la limite à 90 % est arbitraire, mais habituelle et répandue (image)

Cette probabilité peut être représentée par une fonction : la fonction de distribution de présence de l’électron. En particulier, la fonction de distribution radiale donne la probabilité de présence en fonction de la distance au noyau, le tout dans une direction donnée — les nuages électroniques n’étant pas forcément isotropes, on aura aussi une composante directionnelle, ou angulaire, autour du noyau, mais on va ignorer ça pour le moment (et de toute façon elles n’ont pas d’importance pour les électrons 1s ou 2s).

La représentation graphique en 2D de la fonction de distribution radiale donne une courbe, où l’origine représente le centre du noyau, x la distance à ce noyau et y la probabilité de trouver l’électron.

Fonction de distribution radiale.
Représentation de la fonction de distribution de l’électron de l’hydrogène dans son état 1s. (source)

Pour l’orbitale 1s de l’hydrogène ci-dessus, il y a un seul lobe qui est une sphère centrée sur le noyau. La probabilité est nulle au niveau du centre du noyau lui-même, élevée au niveau du rayon atomique (r=1), mais décroît ensuite très vite vers zéro si l’on s’en éloigne.

La probabilité de trouver l’électron 1s loin du noyau est donc très faible. Faible, mais pas nulle.

Notion de barrière de potentiel

Une barrière de potentiel, classiquement, c’est une colline vers laquelle l’on fait rouler un ballon. Si le ballon ne va pas assez vite, alors elle ne franchira pas la colline. Le potentiel gravitationnel est trop élevé pour que le ballon, qui n’a pas suffisamment d’énergie, puisse le vaincre.

En soi, un potentiel peut être de n’importe quelle nature : potentiel électrique, chimique, magnétique, gravitationnel… Si l’on fait rouler un aimant vers un champ magnétique, il peut être repoussé également, faute de rouler assez vite.

Pour l’électron d’un atome donné, la barrière de potentiel peut-être un champ électrique porté par un autre atome. Toutefois, contrairement au ballon qui est totalement stoppé par la colline et ne passera donc jamais la barrière s’il n’a pas assez de vitesse, l’électron n’est pas totalement stoppé lorsqu’il rencontre le second atome : sa probabilité de présence dans l’autre atome est simplement atténuée.

Ainsi, au lieu d’une fonction de distribution comme celle plus haut qui serait tronquée à cause de la barrière, on peut avoir une courbe où la barrière ne fait qu’atténuer la fonction, sans la bloquer complètement :

Fonction de distribution radiale avec une barrière  de potentiel.
Fonction de distribution radiale avec une barrière de potentiel : la barrière atténue la distribution, sans toutefois la bloquer totalement.

(cette représentation est faite habituellement avec la fonction d’onde directement, pas avec la fonction de distribution, mais les deux sont liées et cette représentation me semble plus simple à comprendre)

Ce qu’il faut voir ici, c’est que si l’on mesure la position de l’électron, alors elle sera de l’autre côté de la barrière seulement 1 % du temps, alors que sans la barrière on aurait pu avoir 10 %. La probabilité d’avoir l’électron de l’autre côté de la barrière est clairement diminuée, mais pas annulée, elle peut s’y trouver, quand bien même cette barrière était initialement trop élevée par rapport à l’énergie de l’électron.

Maintenant, l’on peut imaginer de l’autre côté un atome qui va « emprisonner » notre électron à l’instant même où il aura franchi la barrière. Il suffira donc juste que l’électron se présente de l’autre côté pour l’y piéger. Piéger l’électron revient à modifier sa probabilité de présence afin que désormais, elle soit 99 % à droite et seulement 1 % à gauche. En somme : on l’empêche de retourner d’où elle vient.

Ce piège peut être réalisé par la présence d’un autre atome en manque d’électron (un ion, un cation). D’un point de vue classique : l’électron est alors comme capté par ce cation après s’être échappé de son atome initial. Dans ce cas, on parle d’un puits de potentiel. Classiquement, c’est comme si le ballon tombait dans un trou et y restait.

Si l’on fait le bilan : on a donc un électron qui est passé de l’autre côté d’une barrière alors qu’il n’avait pas l’énergie pour ça initialement. Aucun effet classique ne peut l’expliquer : seule la physique quantique le peut. Cet effet est réel, et c’est cela que l’on appelle l’effet tunnel.

La dénomination provient du fait que si l’on appliquait ça à un ballon, le ballon devrait creuser un tunnel à travers la barrière, à défaut de passer par-dessus.

Comment c’est possible ?

Nous n’avons pas d’yeux suffisamment petits pour aller voir directement le mécanisme responsable de l’effet tunnel. Cela n’empêche pas de voir l’effet ou ses conséquences se produire.

La seule façon de se représenter ça, c’est mathématiquement, avec des équations. L’expérience est alors là pour comparer la réalité à nos prédictions mathématiques, et une concordance permet alors de dire si notre modèle théorique fonctionne ou non. Et la physique quantique, pour le moment, fonctionne incroyablement bien. Les sciences physiques c’est ça : retrouver par l’expérience, par des essais successifs, le modèle mathématique qui décrit le mieux un phénomène rencontré, puis de valider cette équation.

Une équation ne donne pas la raison de l’existence du phénomène, mais elle nous dit si le phénomène s’applique, et si oui, dans quelle mesure. La raison de son existence est une autre question à laquelle répondre est parfois plus délicate.

Pour dire pourquoi et comment ça marche, toutefois, il faut voir que l’électron, son paquet d’onde en fait — l’objet qui combine la particule et l’onde — va interagir avec la barrière de potentiel (ou l’objet qui lui donne source).
Cette interaction est telle que plus le paquet d’onde pénètre dans la barrière, plus elle est atténuée. Et plus il s’atténue, plus il sera enclin à plutôt rebondir contre la barrière :

Une simulation d’un paquet d’onde incident sur une barrière de potentiel. Si la majeure partie du paquet d’onde est réfléchie, une petite partie passe de l’autre côté de la barrière. (source)

Si la barrière de potentiel est fine, alors elle n’est pas totalement atténuée lorsqu’elle atteint l’autre côté de la barrière : elle peut donc en ressortir avec une probabilité décente et observable.

Dans la vie courante, on peut observer un phénomène analogue à une impulsion sonore. Quand un son rencontre un obstacle, il y a toujours une partie de l’onde qui est réfléchie, et une partie qui est transmise dans l’obstacle. Si l’obstacle est épais, l’onde transmise finira dissipée et ne sera pas audible de l’autre côté. Si l’obstacle est très fin, la partie transmise franchira l’obstacle en passant à travers.
Ainsi, si l’on est dans une cathédrale, les murs en pierre épais vont favoriser une réflexion des ondes sonores : c’est ce qui donne cet effet de résonance et d’écho. Si l’on recouvrait tous les murs de mousse isolante, l’écho disparaît : l’onde est absorbée et dissipée en chaleur, plutôt que réfléchi ou transmise. Et si l’on remplaçait les murs par des fines cloisons en papier, l’onde sonore va mettre en vibration le papier et quelqu’un de l’autre côté vous entendra facilement : l’onde est transmise sans être ni absorbée ni réfléchie.

Pour un paquet d’onde, on veut le voir de façon similaire : le paquet d’onde va en partie rebondir sur la barrière de potentiel, et en partie pénétrer à l’intérieur, voire, si la barrière est fine, passer à travers.

En n’oubliant pas — et c’est là où l’analogie avec l’onde sonore s’arrête — que le paquet d’onde ne passe pas partiellement à travers : elle n’est pas divisée en deux. C’est sa probabilité qui l’est. Mais l’électron lui-même n’est pas sécable et sa présence ne se mesure toujours qu’à un endroit : on pourra observer la particule aussi bien dans l’un que dans l’autre, par exemple en répétant l’expérience plusieurs fois de suite avec plusieurs électrons : une partie des électrons seront réfléchis par la barrière de potentiel, et une autre partie auront réussi à traverser la barrière de potentiel.

Où observer ce phénomène ?

On voit les conséquences de l’effet tunnel tous les jours et on sait même le mettre à profit.

Dans la nature, un exemple notoire est qu’il fait briller le Soleil. L’énergie nucléaire des étoiles provient de la fusion des protons. Les protons fusionnent quand leur énergie cinétique leur permet de dépasser leur répulsion électrique. Cette répulsion constitue une barrière, appelée barrière Coulombienne, et qui est un type de barrière de potentiel.
Au cœur du Soleil et de beaucoup d’étoiles, la température est trop faible pour que la seule énergie cinétique des protons permette aux particules de franchir la barrière coulombienne. Il faudrait en effet des températures de l’ordre de 100 millions de kelvins, mais le Soleil n’est toujours qu’à 15 millions de kelvins.

Pourtant, la fusion se produit bien. Une explication réside avec l’effet tunnel : on explique le franchissement de la barrière coulombienne par l’effet tunnel. Une fois de l’autre côté de la barrière, les deux protons sont maintenus ensemble par l’interaction forte, qui constitue un puits de potentiel. La température thermodynamique rapproche les protons, mais l’effet tunnel est nécessaire pour ce dernier coup de pouce permettant d’obtenir la fusion.

Quant à l’exploitation artificielle de l’effet tunnel dans notre technologie, on peut citer : la mémoire flash des clés USB, cartes SD, mémoires de téléphones, disques SSD. Ils fonctionnent en piégeant des électrons sur des conducteurs isolés électriquement (les grilles flottantes — ou floating gate). L’isolant est franchi par effet tunnel, et les charges électriques ainsi chargées ou déchargées sur des pastilles isolantes constituent alors les bits stockés dans la mémoire.
Une autre application bien connue est le microscope à effet tunnel : on mesure un courant d’électron plus ou moins fort (permettant de faire des pixels plus ou moins lumineux d’une image globale), et ces électrons passent de l’échantillon au détecteur par effet tunnel.

Ressources

image d’en-tête de Tablexxnx

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Comment fonctionnent les recharges dessicants pour déshumidificateur ?

Couleur science par Anonyme le 03/07/2025 à 04:47:00 - Favoriser (lu/non lu)

Calcium dichloride hexahydrate. White powder in a glass shell.
Si les billes dessicants en silicates adsorbent l’humidité de l’air en piégeant les molécules d’eau sur sa surface, les sachets-recharges pour déshumidificateur absorbent l’humidité sur le plan chimique, donc avec un mécanisme différent.

Absorption ou adsorption ?

Pour les billes en silicates, je parle d’adsorption, avec un « d ». À l’inverse, pour les recharges en poudre, je parle d’absorption, avec un « b ».

La différence est fondamentale : l’adsorption concerne un phénomène de surface, alors que l’absorption est un phénomène volumique. Dans le cas des billes en gel de silicates, l’eau est piégée dans les pores nanoscopiques à la surface de la matière. L’efficacité réside dans sa très grande surface spécifique. L’eau ne réagit pas chimiquement avec les silicates, mais est juste coincée dans les pores.

Les dessicants en recharge fonctionnent par absorption. Ils contiennent une poudre blanche de chlorure de calcium anhydre CaCl2. L’humidité vient réagir avec la poudre dans tout le volume : les molécules d’eau se lient aux ions du solide ionique. Notez que ce mécanisme n’est qu’un exemple d’absorption : l’absorption désigne seulement un processus ayant lieu en volume plutôt qu’en surface, pas si ce phénomène est physique, chimique ou d’une autre nature.

Que le pouvoir dessiccateur d’un composé soit obtenu par absorption ou adsorption, dans les deux cas, on parle d’un composé hygroscopique, c’est-à-dire un composé qui a une forte affinité avec l’eau, jusqu’à la retirer de l’air ambiante.

Absorption pour le chlorure de calcium

Le chlorure de calcium, CaCl2, est un solide cristallin ionique : la molécule est polarisée, car les électrons du calcium sont délocalisés vers les atomes chlore.

En présence d’humidité, les molécules d’eau, également polarisées, vont venir se fixer autour des atomes de chlore et de calcium, et y rester. L’eau va présenter son côté positif aux atomes de chlore et son côté négatif aux atomes de calcium et rester ainsi en place par des liaisons ion-dipôles.

Dans cet état, le chlorure de calcium est dit « hydraté » et n’est plus totalement le même composé chimique non plus. Dans son état le plus hydraté, chaque molécule de chlorure de calcium CaCl2 peut retenir typiquement 2, 4 ou 6 molécules d’eau. Par exemple, pour une tétrahydration (donc 4 molécules d’eau), on note cela ainsi :

CaCl2⋅ 4H2O
Du chlorure de calcium tétrahydraté.
Vue 3D de la molécule de dichlorure de calcium tétrahydratée.

Dans les pochettes dessiccatrices, la poudre de chlorure de calcium anhydre se charge et se décharge en eau en fonction de l’humidité relative du milieu : le composé « travaille ». Les grains de la poudre se soudent aussi petit à petit entre eux, formant un agglomérat plus ou moins uniforme et solide avec le temps.
Quand le sachet est dur comme et forme un seul bloc ressemblant à du plâtre, on peut se dire que le sachet est à changer.

D’autres exemples de composés hygroscopiques

Outre le chlorure de calcium, la soude caustique (hydroxyde de sodium) ou le bicarbonate de soude (bicarbonate de sodium) sont également de bons absorbeurs d’humidité : laissés à l’air libre, l’eau peut même se liquéfier autour : le composé se dissout dans l’humidité qu’il absorbe !

Le chlorure de sodium, c’est-à-dire le sel de table, est également concerné. Du sel laissé à l’air libre peut devenir collante voire faire comme la soude caustique et se dissoudre dans l’eau qu’elle absorbe. Le sel pourra être placé au soleil ensuite pour le sécher.

Dans certains cas, le composé anhydre et le composé hydraté ont des propriétés physico-chimiques différentes. Ils peuvent par exemple changer de couleur. Un cas bien connu est le sulfate de cuivre : blanc, il prend une couleur bleue vive en présence d’eau ou d’humidité. Il s’agit de l’eau qui libère les ions de leur structure cristalline solide, et ce sont ces ions, libres, qui sont colorés.
De la même manière, l’hydratation du chlorure de cobalt le fait passer du bleu pâle au rouge vif.

Enfin, si un système pour déshumidifier l’air est parfois nécessaire, un système à base de recharges n’est pas forcément pratique. Les pochettes de chlorure de calcium sont plutôt réservées à des petits endroits confinés, avec un très faible renouvellement d’air. J’ai découvert ça dans les phares de voitures à LED : les phares LED ne chauffent pas et ne permettent pas de dégager l’humidité aussi bien que des phares classiques. Les phares modernes sont également hermétiques pour une question de sensibilité à l’eau et à la poussière. Cela nécessite en contrepartie la présence d’un dessicant, qu’il faut périodique remplacer.

Dans les autres cas, notamment pour déshumidifier une pièce de la maison, on préférera des méthodes par condensations : un climatiseur ou un module Peltier refroidit l’air, ce l’assèche par condensation de son eau, qui goute alors dans un réservoir. C’est le principe de fonctionnement de la plupart des déshumidificateurs électriques domestiques. Il n’y a pas besoin de recharges, juste de vider l’eau quand le récipient est plein.

Liens

image d’en-tête de ChatGPT

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Comment fonctionnent les thermomètres mini-maxi ?

Couleur science par Anonyme le 05/06/2025 à 04:06:00 - Favoriser (lu/non lu)

Photo d’un thermomètre mini-maxi avec d’autres instruments de mesure.
Dans un thermomètre de type thermomètre à mercure, on a un tube contenant du mercure, un métal liquide1. Lorsque la température s’élève, le mercure prend du volume et monte dans le tube. La hauteur du mercure est directement liée à la température et il suffit de graduer le tube pour lire la température.
Généralement, les tubes sont terminés en bas par une petite fiole contenant du mercure. Le volume total de mercure étant plus important avec la fiole, la quantité de mercure qui se dilate est plus importante et cela amplifie l’amplitude de la variation de la hauteur de la colonne dans le tube, rendant la lecture plus facile :

Schéma d’un thermomètre normal, avec sa fiole et son tube de mercure.
Schéma d’un thermomètre avec sa fiole de mercure, le tube et les graduations.

Parfois la fiole est masquée dans la coque, qui sert alors aussi de protection.

Dans les thermomètres mini-maxi, l’on se retrouve avec deux colonnes. L’une d’elles est dans le sens du thermomètre normal décrit ci-dessus, mais l’autre, celle du mini, est inversée : les températures froides sont en haut et chaudes sont en bas. Aussi, si la température refroidit, le mercure remonte dans le tube mini.
On a également dans chaque tube une petite pastille qui flotte (littéralement) sur le mercure : ce sont les index montrant les minis et les maxi atteints.

Schéma d’un thermomètre mini-maxi, avec les deux index visibles.
Schéma d’un thermomètre mini-maxi tel que vous le voyez. Notez les deux indicateurs, ou index (les « pastilles ») visibles. Ces index montent avec le mercure, mais ne redescendent pas. Ils permettent donc de visualiser les valeurs extrêmes mesurées.

Lorsque le mercure monte ou descend, les index suivent le mouvement, à ceci près que les index ne peuvent toujours que remonter dans le tube, pas descendre. Dans le tube maxi, le haut signifie la température chaude, et dans le tube mini, le haut signifie la température froide. Les index « mémorisent » donc les extrema de température ; d’où le nom d’un thermomètre mini-maxi.

Enfin, le thermomètre dispose d’un bouton de remise à zéro : enfoncé, les deux index redescendent au contact du mercure, remettant à zéro les lectures mini et maxi.

L’ensemble fonctionne sans pile ni source d’énergie extérieure.

Plusieurs questions se posent :

  • comment, dans le tube mini, le mercure peut-il remonter avec un refroidissement ? Il devrait remonter (se dilater) avec la chaleur, pas le froid !
  • comment fonctionne le bouton de remise à zéro ?

Ce dispositif très commun contient un peu de science très simple, mais le système reste ingénieux.

Si vous avez lu mon article sur le thermomètre de Galilée, avec les capsules colorées, vous savez que ce n’est pas la densité des capsules qui varie, mais la densité du liquide partout autour qui change avec la température. La leçon à en tirer est que la science se cache dans la partie que l’on a tendance à ignorer : le liquide transparent.
Dans le thermomètre mini-maxi c’est pareil : l’on voit le mercure bouger, mais ce n’est pas sa dilatation qui en est la cause, ni celle qui est intéressante. Sa dilatation est imperceptible ici.
De plus, il n’y a pas deux colonnes comme on pourrait croire, mais une seule. Le bouton de remise à zéro cache aussi des choses !

Voyons tout ça.

Un tube de mercure en « U »

Une des astuces utilisées est la forme du tube du thermomètre : il n’y en a qu’un et en forme de « U ». Les tubes mini et maxi correspondent aux deux barres verticales du U.

Le mercure, lui, ne se trouve que dans le creux du U. Le reste est rempli d’alcool transparent et donc invisible.

Dans ce tube en U, la fiole se trouve non pas en bas, mais en haut de la barre du mini et est pleine d’alcool. Le liquide se dilatant n’est donc pas le mercure, mais l’alcool !

Le tube en U du thermomètre.
Visualisation du tube en U du thermomètre, avec le mercure dans le creux du U. La dilatation de l’alcool provoque un déplacement de tout le mercure : un réchauffement le fait bien descendre d’un côté mais remonter de l’autre.

La fiole se trouvant en haut, lors de la dilatation2 l’alcool progresse vers le bas au lieu de monter comme dans un thermomètre classique. L’alcool pousse alors le mercure à se déplacer dans le creux du U, et du mini vers le maxi.

Lorsque la température augmente, le mercure descend le tube mini, poussé par l’alcool, et mécaniquement, il remonte du côté « maxi ».

Au final, donc, le mercure ne se dilate pas (ou trop peu), mais est simplement poussé par l’alcool, qui lui se dilate. Inversement, quand la température baisse, il remonte du côté mini et descend du côté maxi, aspiré par la contraction de l’alcool, et suivant donc bien les graduations inversées.

L’ensemble n’est donc qu’un seul et même thermomètre où seul l’alcool se dilate significativement et où le mercure ne constitue qu’une « bouée » qui suit les variations de volume de l’alcool. La forme en U permet de mettre en haut les deux extrémités du volume de mercure, et sur lesquelles l’on a posé les deux pastilles.

Notez que l’alcool est assez fluide pour passer autour des index, qui ne bougent que poussés par le mercure.
Le mercure a une tension de surface assez important pour ne pas mouiller l’index, mais le repousser. Capacité que n’a pas l’alcool.

Et le bouton de remise à zéro ?

Le mercure pousse les index lorsqu’il les atteint, mais les index ne redescendent pas lorsque le mercure se retire. Pour les faire redescendre, on appuie sur le bouton : là, et seulement là, les index redescendent.

Comment ça marche ?

Le bouton repose sur un cadre contenant deux bandes aimantées qui longent les deux tubes. Les index contiennent quant à eux du fer métallique.
Les bandes magnétiques attirent donc les index vers eux, et les plaque contre la paroi du tube.

Le mercure pousse tout juste assez fort pour vaincre le frottement de l’index contre le tube en verre et les faire remonter. Par contre, lorsque le mercure se retire, le poids de l’index lui-même n’est pas suffisant pour le faire redescendre par gravité, et il reste donc plaqué contre la paroi, là où le mercure l’a posé :

Vue de côté du thermomètre, avec les bandes magnétiques et le bouton.
Le bouton est solidaire des bandes magnétiques. Appuyer dessus éloigne les aimants, qui ne retiennent alors plus l’index et ce dernier descend.

Lorsque l’on appuie sur le bouton de remise à zéro, l’on éloigne simplement les aimants des deux tubes. Les index ne sont plus plaqués contre leur tube, et redescendent par gravité… jusqu’à revenir au contact du mercure.

Simplissime, mais il fallait y penser !

Conclusions

À nouveau — et à nouveau pour un thermomètre — la science a lieu ailleurs que là où l’on l’aurait attendu, à savoir dans le liquide (que l’on ne voit pas) entourant le mercure, et non au niveau du mercure lui-même.

Aussi, le bouton de remise à zéro fonctionne, avec des aimants (quoi d’autre ?).

Il s’agit globalement d’une mécanique assez triviale, mais je suis demandé comment ça fonctionnait lorsque je me suis retrouvé avec un tel thermomètre dans les mains.
Maintenant trivial ne signifie pas qu’il n’y a pas de technique derrière : il faut tout de même jauger divers paramètres comme la force des aimants et la quantité de fer dans les index : en contact, l’aimant doit bloquer la descente de l’index sans toutefois bloquer la montée, et quand on appuie sur le bouton, l’aimant ne s’éloigne que de quelques millimètres des deux tubes, mais cela doit être suffisant pour en réduire l’attraction.

Un tel thermomètre peut-être trouvé dans n’importe quel magasin de bricolage pour une quinzaine d’euros. On les trouve naturellement aussi sur Amazon.

Notes

[1] Aujourd’hui, le mercure n’est plus employé en raison de sa toxicité élevée. On préfère utiliser un liquide de type alcool coloré (en bleu ou en rouge typiquement). Pour les thermomètres qui ne descendent pas plus bas que −19 °C (comme les thermomètres médicaux, qui vont généralement de +35 °C à +43 °C) on utilise aussi du galinstan, un alliage métallique liquide de gallium, d’indium et d’étain.
Pour les thermomètres mini-maxi, on a toujours besoin de deux liquides non-miscibles et de densité différentes.

[2] La fiole étant en haut, l’alcool se dilate vers le bas. Lorsque la température baisse, la contraction le fait remonter. Précisons qu’à ces échelles, les forces de cohésion liquide (tension de surface) et de capillarité l’emportent très sensiblement sur les forces de gravité : c’est pour cela que le liquide n’a aucun mal à remonter.

Image d’en-tête : travail personnel.

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Comment fonctionnent les encres qui changent à couleur changeante des billets euro ?

Couleur science par Anonyme le 01/05/2025 à 07:26:00 - Favoriser (lu/non lu)

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Une technique anti-contrefaçons utilisée notamment sur les billets de banque sont les encres à couleur changeante. On le voit sur les billets de 50 € ou plus, notamment.

Comment ça marche ? Comment une encre peut-être être de plusieurs couleurs ?

Une couleur, zéro pigments

Habituellement, les couleurs sont produites par des pigments. Un pigment est une molécule qui lorsqu’elle reçoit la lumière incidente, absorbe une partie du spectre reçu, et renvoie le reste. La couleur du pigment correspond alors à la partie de la lumière qui est renvoyée.

L’espèce chimique utilisée dans le pigment détermine sa couleur. Si l’espèce chimique (la molécule) ne change pas, alors cette couleur ne change pas

Dans certains cas, les couleurs peuvent être produites sans pigments. C’est le cas de couleurs dites structurelles, où c’est la structure de la matière, l’agencement des atomes au niveau microscopique ou macroscopique qui est responsable de la production des couleurs, principalement grâce à des phénomènes d’interférences ondulatoire de la lumière, mais aussi de phénomènes relativistes, pour la couleur de l’or ou du cuivre par exemple.

Les encres qui changent de couleurs, ou encres optiquement variables tombent dans la catégorie des matériaux qui produisent de la couleur structurelle par phénomène d’interférences. Elles rejoignent donc les bulles de savon, les plumes de paon, les cristaux des pierres d’humeur sur les bijoux, les couleurs sur une flaque d’eau contenant du gazole, les couleurs obtenues avec un CD que l’on éclaire… bref, on en voit partout bien qu’on ne se pose pas souvent la question.

Contrôler la structure permet de choisir la couleur finale que l’on verra, mais on pourra aussi obtenir un effet de changement de couleur en fonction de l’inclinaison de la surface. Dans le cas des billets de 50 € mentionné au début, la partie encrée varie du vert au violet.

Origine d’une couleur structurelle

La couleur structurelle découle généralement de phénomènes d’interférences. On les reconnaît à leur aspect métallique, ou irisés.

Au cours de ces phénomènes, un rayon de lumière incidente issu de la lumière ambiante se retrouve scindé en deux rayons identiques (même direction, même longueur d’onde) mais décalés, déphasés. Quand ces deux rayons se recombinent, ils agissent l’un sur l’autre : ils interfèrent. Leur amplitude peuvent alors s’additionner ou se soustraire en fonction du déphasage :

Interférence de deux ondes.
Interférences de deux ondes. Les interférences peuvent être additives si les ondes sont en phase (à gauche), ou soustractives si elles sont décalées d’une demi-longueur d’onde (à droite) ; avec toutes les possibilités intermédiaires. (source)

Si l’on a deux couleurs — deux longueurs d’ondes différentes — il est possible que l’une soit totalement annulée, et l’autre soit au contraire augmentée. Le déphasage est bien identique pour les deux longueurs d’onde, mais chaque longueur d’onde ne va pas réagir de la même façon.
C’est ce mécanisme qui permet de colorer des surfaces structurellement à partir d’une lumière blanche polychromatique.

Origine des interférences

Pour obtenir une couleur structurelle, il faut que les rayons incidents soient scindés. Les rayons ainsi obtenus vont interférer et produire la couleur par addition ou soustraction.
L’origine de la scission se produit typiquement avec des revêtements présentant une couche mince transparente, des petits orifices, ou rainures très fines.

Quelques exemples peuvent être :

  • les sillons d’un CD-Rom (réseau de diffraction ; rainures)
  • l’épaisseur d’eau d’une bulle de savon (couche mince)
  • une couche d’huile ou de gazole sur une flaque d’eau (couche mince)
  • les plumes de paon, de coq, de canard Col Vert, de pigeon (réseau de diffraction)
  • les écailles de poisson, le dos de certains scarabées, les ailes de certains papillons (réseaux de diffraction + couche mince)

Dans ce cas des interférences par couche mince, une partie de la lumière est directement réfléchie sans entrer dans la couche transparente et l’autre passe dans la matière, se réfléchit à l’intérieur puis en ressort :

Scission de la lumière sur une couche mince.
Une partie de la lumière est réfléchie sur la surface, et l’autre partie se réfléchit sur le fond, avant de ressortir du matériau.

On peut remarquer que la partie transmise dans la couche mince du rayon va effectuer un trajet supplémentaire par rapport à la partie du rayon qui est réfléchi en surface. On parle d’une différence de marche dans le trajet optique.

C’est précisément la valeur de cette différence de marche qui va constituer le déphasage : les deux ondes initialement en phase au moment de se scinder en deux, vont être décalées au moment d’interférer.

Évidemment, le déphasage va dépendre de l’épaisseur de la couche mince, ainsi que de sa nature, mais ce n’est pas tout. L’inclinaison des rayons incidents va également être importante. En effet, plus le rayon est incliné, plus le trajet optique dans la couche mince va être importante, et cette augmentation fera varier le déphasage :

Différence de marche en fonction de l’inclinaison.
La différence de marche dépend de l’inclinaison des rayons incidents.

Sur la figure ci-dessus, on voit très bien que la différence de marche dépend de l’inclinaison. Il en résulte que selon l’inclinaison des rayons incidents, les couleurs issues des interférences vont également varier.

Cas des encres optiquement variables

L’effet où l’encre change de couleur en fonction de l’inclinaison vient de là : quand on incline le papier encré, on modifie en direct l’incidence et donc le déphasage, et par suite, la couleur résultante varie également.

Le déphasage est le même pour toutes les longueurs d’ondes, mais si l’on prend l’exemple d’un déphasage de 200 nm, celui-ci va totalement annuler les longueurs d’ondes de 400 nm (bleues), mais seulement partiellement les longueurs d’ondes de 500 nm (vert), 600 nm (jaune), ou rouges. Dans ces conditions, le bleu est annulé et retiré du spectre : la lumière blanche sans le bleu devient alors orange.
Si cette fois le déphasage est de 300 nm, les longueurs d’ondes de 400 nm (bleues) ne sont plus totalement annulées, mais le 600 nm (jaune), si. Le spectre blanc est donc dénué de jaune, et sera principalement rouge-bleu, donc violacé.

Selon l’angle, donc, les couleurs qui ressortent après interférences varient, et c’est ce qui provoque ces changements :

Encres à couleur changeante sur les billets de 200 € et 500 €.
Démonstration du changement de couleur de l’encre sur les [anciens] billets de 200 € et 500 €.

Conclusion

Les encres qui changent de couleur en fonction de l’orientation fonctionnent par des interférences ondulatoires lumineuses : la lumière interfère, soit constructivement, soit destructivement. Il en résulte que l’encre soit atténue, soit accentue certaines couleurs. De la lumière blanche, on passe donc, par exemple, à de la lumière verte. Et vu le fonctionnement de ces interférences, c’est l’angle d’incidence qui détermine quelle couleur est détruite, et laquelle est renforcée, d’où le changement de couleur lors de l’orientation du billet.

Ces encres sont utilisés sur d’autres éléments également, notamment tout ce qui peut nécessiter une protection anti-contrefaçon (cartes bancaires, tickets restaurants, par exemple), ou des objets suffisamment qualitatifs pour bénéficier d’un élément fantaisiste comme une encre qui change de couleur (pochette de CD, clés USB, cartes de collection…).

Enfin, certaines encres peuvent également changer de couleurs sous l’effet d’un courant électrique, de la chaleur ou de rayonnement ultraviolet. Dans ce cas, ces différents paramètres (courant, chaleur, UV) modifient physiquement ou chimiquement le processus de production de la couleur. Dans le cas des couleurs qui changent sous la chaleur, par exemple, c’est l’espèce chimique qui est altérée : la molécule elle-même est modifiée et change de couleur sous l’effet de la chaleur.

Ressources

image d’en-tête : travail personnel.

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